Les correspondants de L’Indépendant ont décidé de vous proposer leur bon coin. Un lieu magique, unique parce qu’il est beau, qu’il les interpelle. Un bon coin qu’ils ont envie de partager avec vous. Plus que jamais, cet été, laissez-vous guider.
Tapi et comme dissimulé dans son immense parc aux essences gigantesques, le château de l’Ille, séparé du village par la tranquille Quera, sur la rive gauche de laquelle il a été bâti, jouxte sur cette même rive le beau quartier de la Rouderasse, qu’il semble côtoyer pacifiquement sans trop vouloir s’acoquiner à elle. Magnifique et majestueuse bâtisse datant de la fin du XIXe siècle, qui paraît attendre patiemment son heure, avec ses allées innombrables, prometteuses et bien entretenues, ses dépendances dans l’une desquelles l’on trouve même une chapelle privée, son court de tennis d’un autre âge, installé là en sous-bois, menacé en même temps que protégé par la luxuriance de la végétation, et en bordure duquel il suffit de fermer les yeux pour croire entendre, et même voir, un Rod Laver ou un Ken Rosewall frapper nonchalamment quelques balles. Il y a aussi sa maison du gardien reconvertie de fraîche date en donnerie, sa fontaine Palegry dont le bâti s’apparente, si l’on y regarde de plus près, à l’entrée d’une maison de Hobbit, et aux abords de laquelle personne ne serait surpris par l’apparition d’un jeune chevalier de la Table ronde brandissant son épée vengeresse ou par la survenue inopinée des rires et des chants d’une noce moyenâgeuse. Alors au-delà des chiffres, 500 m2, 20 pièces, qui veulent dire ce qu’ils veulent bien dire, mais pas plus, la magie des lieux est là, permanente, leur souffle, leur respiration apaisée, leur rêve prégnant, leur confession intime et flottante d’un désir profond de renaissance et d’ouverture à l’avenir, de réveil espéré d’un sommeil qui n’a que trop longtemps duré.
Alors, écoutons Raymond Sala nous en dire un peu plus sur l’histoire du lieu, sur la petite, sur la belle et sur la moins belle aussi : "Effectivement, le château de l’Ille fut construit sur l’emplacement d’une métairie dont le propriétaire s’appelait Albert Serradell (1842-1906), maire de Saint-Laurent dans les années 1870-1880. Albert Serradell était à la tête d’une fabrique d’espadrilles. Célibataire, il reconnut sa fille naturelle qui devint sa légataire universelle. Mariée au commandant Eugène Chapus de Marseille, elle fit construire le château de l’Ille que son père avait commencé à aménager (..). La fontaine Palegry fut aménagée, semble-t-il en même temps que le château. Une belle promenade ouverte au public. De nombreuses familles du Moulin allaient déjeuner à la fontaine Palegry pour la festa major […]. Le château a servi de kommandantur sous l’occupation allemande, avec une vingtaine de soldats allemands, le 20 novembre 1942. On comprend que le château de l’Ille devint un lieu sinistre et redouté : arrestations, interrogatoires, départ pour Arles, Perpignan, l’Allemagne. Il fut aussi un lieu de délation".
August 28, 2020 at 02:25AM
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Château de l’Ille à Saint-Laurent-de-Cerdans : en ce lieu féerique se balade une âme - L'Indépendant
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Saint Laurent
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